L'Ademe reconnaît un effet positif de la réduction des vitesses maximales sur les rejets de particules fines et d'oxydes d'azote, les principaux polluants locaux du transport routier, mais sur des voies au-dessus de 70km/h. En dessous de 70 km/h, cet effet est plutôt négatif. Le passage de 80 à 70 km/h d'une voie congestionnée va dans le bon sens pour la qualité de l'air, car il favorise la fluidité du trafic. L’analyse des impacts réels sur la qualité de l’air des limitations de vitesses tend à montrer des gains pour des réductions de vitesse aux vitesses élevées, et une situation beaucoup plus contrastée pour des réductions de vitesse aux vitesses faibles, en particulier le passage de 50 à 30 km/h. Le passage de 50 à 30 km/h en agglomération peut également permettre un apaisement du trafic, et conduire à un meilleur partage entre les différents modes de déplacement (marche, vélo, voiture et transports en commun), dans une logique d'optimisation de l'utilisation de l'espace public. A terme, le passage de 50 à 30 km/h devrait donc permettre de favoriser les modes de transport les moins polluants et reste, pour l'ADEME, une solution à étudier, dans les conditions particulières de chaque projet.
La circulation alternée est-elle efficace ?
A Paris en 1997 et 2014, l’effet sur les niveaux de pollution avait été immédiat et la circulation alternée n’avait duré qu’une seule journée. En 2016, le résultat est moins probant. En 2014, les émissions avaient baissé de 18 % à Paris, alors qu’en 2016, la baisse n’a été que de 5 à 10 %, selon Airparif. En Ile-de-France, alors que les transports en commun ont été très perturbés lors de l’épisode de décembre 2016, les automobilistes ne semblaient pas avoir renoncé à leur voiture : un pic de 415 kilomètres de bouchons a été observé le jeudi 8 décembre, contre 300 habituellement. Il est à noter que la circulation alternée étudiée est basée sur les numéros de plaques d'immatriculation. Elle ne prend donc pas en compte les niveaux d'émission de pollants des véhicules. Avec la vignette Crit'Air, ces restrictions de circulation seront basées sur les niveaux de pollution des véhicules, l'impact devrait donc être plus important.
Piéton, vélo, voiture : qui est le plus exposé à la pollution ?
Des études comparant la qualité de l’air dans différents moyens de transport (Atmo Occitanie notamment) ont montré que, dans nos régions, les automobilistes sont plus exposés à la pollution de l’air que les piétons et les cyclistes, car à l’intérieur des véhicules, le faible volume d’air dans l’habitacle fait se concentrer les polluants venant de l’extérieur et ceux émis dans l’habitacle du véhicule (moquettes, plastiques etc…). Ainsi, l’habitacle du véhicule ne protège pas de la pollution de l’air présente à l’extérieur de ce dernier, mais au contraire concentre les polluants. De manière générale, il est donc recommandé d’aérer régulièrement son véhicule pour réduire les niveaux à l’intérieur.
L'étude CYCLO-POL(fev.2015) de l'ADEME montre également qu'aux concentrations observées actuellement en France, l'utilisation du vélo en lieu et place de la voiture (pour un trajet comparable en termes d'itinéraire et de durée) n'augmente pas le risque pour la mortalité liée à l'impact des polluants étudiés, y compris pendant les pics de pollution, pour la population générale (i.e. hors population vulnérable et leur entourage et hors populations sensibles).
Les automobilistes sont donc les plus touchés tandis que les cyclistes et piétons restent davantage épargnés. L'absence d'environnement confiné et la possibilité de s'éloigner du flux de circulation permettant de limiter leur exposition directe.
La voiture. L'automobiliste, est exposé à une source majeure de polluants. Loin de protéger les passagers de la pollution, l'habitacle a plutôt tendance à l'accumuler. C'est d'autant plus vrai quand le conducteur est coincé dans des embouteillages, au moment où les moteurs polluent le plus. A tel point que, selon Atmo Occitanie, les « concentrations en dioxyde d'azote mesurées dans les habitacles des voitures sont supérieures à celles observées par les sites de mesures installés à proximité d'axes routiers ».
Le bus. L'exposition à la pollution est assez similaire à la voiture, puisque l'habitacle fermé empêche également les polluants de s'évacuer. Le deuxième mode de transport le plus exposé au dioxyde d'azote est le bus. Ceci peut s'expliquer par l'apport permanent d'air extérieur (ouverture des portes, etc.) qui se concentre au sein de l'habitacle du bus. Mais les voies réservées qu'empruntent de plus en plus de bus limitent quelque peu les niveaux de pollution.