Publié le 13 mai 2014
Alors qu’il existe dans l’eau ou les aliments des normes relatives à la concentration maximale des phytosanitaires, il n’existe toujours pas à ce jour de norme concernant la présence de ces molécules dans l’air. Et pourtant, chaque année, et ce quelle que soit la typologie du site étudié (rural ou centre urbain), plus d’une vingtaine de molécules phytosanitaires sont détectées dans les prélèvements d’air réalisés par ATMO Poitou-Charentes.
Chaque année, des prélèvements d’air sont réalisés de février à décembre sur le site de référence de Poitiers dans le quartier des Couronneries. En parallèle, un site « mobile » est choisi sur un emplacement qui diffère chaque année, de manière à étudier une problématique particulière. En 2013, c'est la ville de Niort, au lieu-dit « La Levée de Sevreau », qui a fait l'objet de prélèvements dans l'air, sur une zone où les habitations côtoient les parcelles agricoles.
Malgré la proximité du site de Niort avec les cultures agricoles, les concentrations moyennes du site sont très proches, bien qu'un peu plus élevées pour les herbicides, de celles du site de Poitiers dans le quartier résidentiel des Couronneries. De manière générale, sur les deux sites, les concentrations de pesticides dans l'air sont très largement dominées par des molécules d'usage agricole, et ce qu'il s'agisse d'un site urbain ou d'un site en bordure des cultures. Ces résultats illustrent cette année encore le transfert des molécules par l'air depuis les surfaces agricoles vers les zones urbaines, où se trouve les plus fortes densités de population.
Si les activités agricoles semblent être la source dominante des pesticides dans l'air, la présence en dehors des périodes de traitement agricole de certaines molécules qui peuvent être utilisées en zone non agricole, semble montrer que les jardiniers amateurs, les services municipaux ou d’entretien de la voirie ont des pratiques d'utilisation de phytosanitaires qui contribuent à la présence de ces molécules dans l'air.
Les mesures réalisées chaque année sur Poitiers permettent d'observer l'évolution de la présence des pesticides dans l'air sur le long terme. Alors que les concentrations d'herbicides suivaient une tendance à la baisse depuis 2003, on observe en 2013 une nouvelle hausse des valeurs, qui rejoignent des niveaux proches de ceux de 2009. Les concentrations de fongicides sont en revanche en nette diminution par rapport à l'année 2012, année dont les conditions climatiques avaient entraîné une hausse du nombre de traitements fongicides. Quant aux concentrations d'insecticides, elles restent faibles et proches des valeurs des six dernières années. L'historique à partir de cette année doit pourtant être nuancé puisqu'en 2013 c'est la totalité des particules qui a été prélevée (TSP), alors que depuis le début des mesures seule la fraction des particules de diamètre inférieur à 10 µm (PM10) était analysée. Des prélèvements réalisés en parallèle au printemps sur les PM10 et TSP ont montré que les différences étaient négligeables pour les molécules détectées sur la période. On manque en revanche encore d'information sur l'impact de ce changement sur les molécules qui ne sont détectées qu'à l'automne comme le prosulfocarbe.